Par Mélanie Marion
Le 1er septembre 2023
Ça se peut qu’il t’en manque un bout si tu ne commences pas au tout début :
Deux semaines avant la fin de ma formation, Stéphane m’a fait venir dans son bureau. Supposément pour me parler de l’article que j’avais écrit pour l’infolettre, mais une fois les portes qui mènent à son espace de travail traversées, il a laissé mon article sur son bureau et m’a invitée à m’assoir sur le canapé. Il voulait me parler.
Vous dire que je me sentais comme lorsque le directeur m’appelait dans son bureau au primaire serait un exemple erroné, car le directeur ne m’a jamais appelé dans son bureau au primaire. Vous vous en doutez bien. Que ferait une Reine de la dictée dans le bureau du directeur? Mais enfin, c’est sûrement comme ça que se sentaient les jeunes qui étaient pris en flagrant délit. Mais en flagrant délit de quoi ai-je été prise pour me sentir ainsi, direz-vous ?
Eh bien, il voulait juste savoir si ça allait.
Il trouvait étrange que contrairement aux autres membres du groupe, je n’angoissais pas devant le fait qu’il reste seulement deux semaines pour compléter près d’une trentaine de chapitres.
« Je suis bonne sous pression. C’est là que je suis productive. »
Il m’a comparée à un petit canard. Pas le vilain (du moins, j’espère!) Non, plutôt celui qui flotte paisiblement sur l’eau pendant que sous l’eau, ses pattes sont en train de faire un burnout tellement elles s’acharnent.
Il m’a dit penser que j’étais en hypo.
Hypoquoi???
Si vous ne savez pas ce que signifie être en hypo, bienvenue dans le club car je n’étais plus certaine de le savoir moi-même… En fait, être en hypo, c’est avoir une réaction anormale par rapport à une situation. C’est le calme avant la tempête si l’on veut. C’est réagir comme je l’ai fait, face à une formation qui n’appelle pas ce genre de réaction, finalement.
Et quelques jours plus tard, ce calme a pris racine en mois sous la forme de brûlures d’estomac. Durant l’heure-du-lunch-qui-s’est-transformée-en-consultation-privée, j’ai dû avouer à Stéphane que j’étais prise de brûlures d’estomac depuis quelques jours. En fait, je lui ai davantage toussé qu’avoué. Vous savez, cette technique qui consiste à tousser les mots afin que notre interlocuteur en manque des bouts et se désintéresse de la conversation…
« J’ai (tousse) des (tousse)’rûlures d’estom’(tousse)! »
Malheureusement pour moi, mon patron semblait très bien comprendre la toussote langagière. Il a vite saisi que j’avais des problèmes de digestion et vous aurez deviné qu’il a également émis l’hypothèse que ces derniers aient un lien avec mon statut de canard des dernières semaines. Hypothèse seulement, mais qui faisait plein de sens.
Il y avait clairement quelque chose qui ne passait pas, mais quoi?
Ma situation de l’époque contenant quelques sources de stress potentielles, pouvant être à l’origine de ces brûlures. Non que je veuille repousser l’hypothèse que je sois en hypo face à la formation, mais je ne voudrais négliger aucun élément…
J’avais un nouvel emploi et de nouvelles responsabilités. C’était stressant, ça! Surtout lorsqu’on se dit que j’ai laissé tomber l’enseignement pour ce travail. Mais au fond, mon statut de « non légalement qualifiée » ne me donnait pas de très bonnes cartes dans le domaine de l’enseignement à l’époque. Bon, pour ceux qui, comme moi, ne sont pas de grands joueurs de cartes, disons qu’au Monopoly, je n’avais que l’eau et l’électricité. Qui veut l’eau et l’électricité au Monopoly? Avouez qu’il n’y a pas d’argent à faire avec ça! L’eau, l’électricité, le premier petit terrain mauve, mon fer à repasser et moi, on fait toute une équipe lors des parties de Monopoly! La faillite assurée. Et je ne sais pas pourquoi, je prends toujours le fer à repasser… Pas fort pour faire des affaires. Pas plus que mon statut de « non légalement qualifiée » d’ailleurs. Mais j’avais enfin trouvé – aux Galeries Joliette, on se rappelle – un travail stable, qui présentait de belles possibilités d’avancement et qui me permettait de faire quelque chose que j’adore. Ça semblait bien positif tout ça, non? Rien pour faire faire des entourloupettes à mon estomac il me semble.
Autre situation qui aurait pu me faire vivre du stress : j’étais enceinte. Mais pas juste enceinte, enceinte 14 ans après ma première grossesse. Disons que j’ai pris une petite pause entre les deux! Ça aussi, ça pouvait générer du stress… Et qui plus est, enceinte d’un garçon. J’avais connu le rose, les poupées et les trucs de fille. J’avoue avoir ressenti un stress quand j’ai su que j’allais être maman d’un garçon.
Je trouvais donc que j’avais de très bonnes raisons d’être stressée et d’avoir des brûlures d’estomac. Monsieur le Ninja faisait sûrement erreur cette fois-ci…
Le fameux coaching
Puis, est survenue la fameuse séance de coaching du 11 juin. Les coachings, ce sont des soirées durant lesquelles on peut poser nos questions sur le contenu de la formation.
Dès les premières interventions de Stéphane et de quelques-uns des membres du groupe B, je me suis mise à me tortiller sur ma chaise. Ça ne marchait pas. Je n’étais pas bien. Je n’étais pas là du tout. Complètement absente. Je vais même vous faire une confidence, je flirtais avec les courtepointes pour chambres de bébé sur Pinterest en même temps. Pas là du tout, la fille. Puis, devait arriver ce qui arriva. Ma fille est venue me voir, blanche comme un drap, avant de se diriger en courant vers les toilettes et d’être malade. Je me suis donc excusée auprès du groupe et j’ai quitté la séance. Ouf! Quel soulagement! Je crois qu’à cet instant, je me sentais comme ma fille, c’est-à-dire beaucoup mieux après avoir éliminé ce qui était de trop (désolée pour les dédaigneux). Une fois les couleurs revenues dans le joli visage de ma grande, je ne suis pour ma part pas revenue à la séance de coaching. J’avais trouvé un échappatoire, pas question de revenir en arrière…
Les séances de coaching sont enregistrées et on peut y retourner au besoin. En réécoutant la séance après coup, j’ai réalisé que son contenu portait principalement sur un sujet. Êtes-vous prêt×e×s? Les notions pratiques et théoriques sur les réactions en hypo.
…
Je pouvais bien me tortiller sur ma chaise.
Et magasiner en ligne.
Et espérer que quelque chose vienne me sortir de là (excuse-moi ma grande, c’est toi qui as écopé!)
Je ne peux pas jurer que la prise de conscience de tout ça a eu quelque chose à voir dans mon état, mais mes (tousse) brûlures d’estom(tousse) ont cessé à cet instant-même.
Quand Stéphane a parlé de culpabilité, je ne l’entendais pas. Et quand il a parlé de réactions en hypo, je me suis juste arrangée pour ne pas être là! On dira ce qu’on voudra, mais l’inconscient, quand il a quelque chose dans la tête, il ne l’a pas dans les bottines. Essayez de vous battre contre lui à c’t’heure!
7 Commentaires
S’il y a une conférence sur les réactions en hypo j’aimerais le savoir .C’est fascinant ce qui se cache dans l’inconscient et on se croit au plein contrôle ou maîtrise de notre vie…oh !Oh! Foutaise ou devoir d’apprendre…
Je suis déjà sur la liste infolettre.
Bonjour Francine,
Non, pas de conférence sur les réactions en hypo, mais on retient l’idée! Merci pour votre commentaire!