Par Mélanie Marion
Le 1er décembre 2023
Alors le plancher est de nouveau droit sous mes pieds. Pour comprendre pourquoi il ne l’était plus, il faut lire l’article précédent… Je suis de retour à ma place, dans le grand cercle formé par tous les participants. Je suis vidée de toute mon énergie. Encore très émotive également.
Se déroule alors une deuxième constellation durant laquelle je me lève spontanément pour représenter une personne dans le scénario. Je ne parle pas, je suis seulement là. La constellation prend fin, sans une trop grande implication de ma part. Mais semble-t-il que la personne que j’ai incarnée spontanément avait ses raisons d’être là pour rétablir l’équilibre dans la scène de la constellée. (C’est ce que cette dernière m’a dit après la journée, autour d’une bière. Je reviens à la bière plus tard…)
Je reprends place sur ma chaise, en me disant que ça pourrait être un bon moment pour faire une sieste.
Puis, sera mise en place la troisième et dernière constellation de la journée.
TOUR DU CHAPEAU EN MATIÈRE DE CONSTELLATIONS!
Ce sera UN constellé cette fois. En fait, j’ai appris qu’on ne dit pas « constellé » mais bien « constellant ». J’ai appris ça – et bien d’autres choses – dans un livre sur les constellations familiales. Ça aussi, je vous en reparle plus tard. Alors Eve et le « constellant » sortent de la salle afin de préparer la constellation, puis ils reviennent et s’installent parmi nous.
Le constellant se lève et commence à choisir les participants A, B, C, D… À l’intérieur de moi, je me dis : « Non, pas moi! SVP, je suis si fatiguée… » Mais je sais qu’il viendra vers moi.
Je sais.
Et c’est ce qu’il fait.
Il s’approche de moi, me demande les yeux pleins d’eau si je veux incarner A, B, C… je ne me souviens plus quelle lettre je suis. Bien sûr que j’accepte!
Nous faisons la prise de contact afin que je puisse ressentir son énergie et je prends place dans la scène, là où il m’indique de le faire.
PETITE PARENTHÈSE « HURLUBERLUE »
Vous savez, en décrivant cette expérience, je prends la chance d’être considérée comme une hurluberlue par plusieurs. Ça fait partie des risques. Mais l’hurluberlue a vécu quelque chose de tellement immense que la perception négative qu’il pourrait y avoir à son égard ne pèserait que très peu dans la balance. Et comme je vous le disais dans mon article précédent, je pense que je faisais partie de ces « plusieurs » avant de vivre moi-même l’expérience…
Je continue donc la description non censurée de cette dernière constellation.
PARENTHÈSE FERMÉE
Je suis dans la scène. Debout. J’ai tout à coup une foudroyante douleur qui me transperce le bas du dos. C’est presque insupportable. Un 7 sur 10 je dirais. Un gros 7, sur le bord du 8. J’ai tellement mal que je pleure. Et la vérité, c’est que je suis assez dure à mon corps. Je score assez haut dans l’échelle de « toffitude » par rapport au mal. Mais là, mon mal me fait pleurer. Bon, peut-être un peu la fatigue aussi, je l’avoue.
Quand Eve me demande de décrire ce que je ressens, je parle de la douleur et je précise que je sens une immense charge sur mon dos. Comme si je portais un sac à dos beaucoup trop lourd. Vous savez les gros sacs de randonnée? Comme celui que ma fille a porté pour une sortie plein air au secondaire. Une sortie de ski de fond, en survie dans la forêt. Quand on a rempli son sac, qu’on a fait un test dans la cuisine et qu’on lui a mis sur le dos, elle est tombée à la renverse, portée par la charge qui était plus grande qu’elle… Comme une tortue couchée sur le dos, sur sa carapace!
Le sac à dos que je porte est trop lourd. Il me cause une grande douleur. Et un déséquilibre aussi. Dès qu’on a le droit de changer de position, qu’Eve nous fait signe qu’on peut bouger comme on le souhaite (comme on le sent), je m’agenouille en raison de la lourdeur du sac. Je ne suis plus capable de le porter debout. Mais la douleur demeure, même accroupie. Et les larmes aussi.
Lors du déplacement, un des « personnages » s’approche de moi. C’est Stéphane, mon patron. Mais à ce moment-là, il n’est pas Stéphane. Je ne sais pas encore qui il interprète dans la scène, et petit rappel, je ne sais pas qui j’interprète non plus. Lorsqu’il s’approche, la douleur s’intensifie. Et une immense colère monte en moi. Je lui sauterais au visage! Et il ressent toute la colère et la haine que j’éprouve à ce moment. (Il m’en a reparlé après, autour de la deuxième bière. Devinez quoi? On y revient ça aussi!)
Quand on prenait le temps de regarder le constellant, on pouvait voir que ce qui était joué devant lui faisait beaucoup de sens dans son histoire. Le mouvement des personnages, les émotions et les ressentis… Il était ébranlé de ce qui se déroulait sous ses yeux.
Quelques minutes plus tard – qui m’ont semblé des heures, je vous jure! – nous apprenons que Stéphane joue le père du constellant et que moi, je joue la mère. Que le lourd fardeau que je porte sur mon dos est celui des secrets portés durant des années, et que la colère que je ressens envers Stéphane découle de la colère que la mère avait eu envers son mari…
Je ne décrirai pas la scène complète par respect pour le constellant qui, contrairement à la « Caro » de mon premier article, n’a pas déjà parlé de son expérience sur notre blogue. Pas la présente, je l’invite toutefois à le faire si le cœur lui en dit.
Je peux seulement dire que par cette constellation, il a pu apporter un peu de paix à une situation familiale très difficile, qu’il traine depuis son enfance. Je ne sais pas s’il a pu rassembler tous les morceaux du puzzle, mais il aura fait un sacré bout de chemin en une heure à peine. Je vous l’ai dit que ça m’a semblé beaucoup plus long?!?
Donc. Les trois constellations sont terminées. J’ai participé aux trois. Je suis de retour sur ma chaise. Et j’ai probablement l’air… d’une fille qui a participé à trois constellations!
Est-ce que je vais demeurer longtemps dans cet état? Non.
Est-ce que c’est l’heure de parler des verres de bière? Oui.
PRENDRE UN VERRE DE BIÈRE MON MINOU
On fait ça nous autres, prendre un verre dans une fin de semaine de cheminement personnel. Même deux, même trois. Qui a dit que ça devait être pénible travailler sur soi? Que ça ne pouvait pas être agréable même? (J’entends la voix de Stéphane quand j’écris ça!!!)
C’est donc devant une IPA que j’amorce la soirée. Contre toute attente, c’est même aux petites heures du matin que je terminerai la journée. L’expérience vécue par le groupe a été si intense et déroutante que tous ont le besoin d’échanger : les trois constellants, les représentants (ça c’est moi!), mais également les participants, ceux qui entouraient la scène, qui ont aussi vécu l’expérience avec intensité, pour différentes raisons.
Durant l’heure du souper et ensuite, tout au long de la soirée, sur le bord du foyer, on revient sur ce qui, quelques heures auparavant, semblait relever du domaine de l’impossible.
Jurant à un que la douleur que j’ai ressentie était réelle, discutant avec l’autre de l’intensité de mon regard lorsque je suis en colère – tiens! je ne le savais pas ça! –, validant avec Stéphane les bons sentiments que j’ai pour lui (j’t’aime patron!) et acceptant cette troisième bière qu’on m’offre si gentiment.
Une seule consigne de la part de notre accompagnatrice pour la suite des choses : ne pas revenir sur les constellations directement avec les constellants, à moins que ce soit eux qui le fassent… Il faut les laisser s’imprégner de ce qu’ils viennent de vivre, sans interférer, puisque pour eux, la constellation continue d’agir.
Ça, je l’ai aussi lu dans le livre « Libérer le passé… grâce aux constellations familiales » de Galina Husaruk.
LIBÉRER LE PASSÉ… GRÂCE AUX CONSTELLATIONS FAMILIALES
Galina semble être une figure très importante dans les approches alternatives au Québec, notamment dans l’art d’animer des constellations familiales. Eve, notre accompagnatrice, avait avec elle des exemplaires de son livre et nous avons pu nous en procurer après notre processus.
Je l’ai lu hier. Entre la prise de courriels et d’appels, la facturation et une phase de réparation pas tout à fait terminée!
J’y ai appris plein de choses. Notamment que les constellations familiales, telles qu’elles sont pratiquées aujourd’hui, doivent leur existence à un Allemand du nom de Bert Hellinger, qui a notamment été en nomination pour le prix Nobel de la paix en 2011. Que l’approche des constellations familiales est une approche phénoménologique, c’est-à-dire qu’elle n’est soutenue par aucune théorie. Elle est plutôt fondée sur l’observation ou, comme le nomme Galina, sur « ce qui apparait ».
Vraiment intéressant.
Ce n’est donc pas l’intellect qui est à l’œuvre dans cette démarche intuitive, où on parle plutôt de communication « d’âme à âme ». Dans son ouvrage, l’auteure donne plusieurs exemples de constellations qu’elle a réalisées en tant qu’accompagnatrice, en plus de donner des définitions, des explications et des précisions. Elle mentionne toutefois que ces fameuses constellations, il faut les expérimenter pour en comprendre toute la teneur et la force.
You bet!
Elle convient que ses explications risquent d’en laisser plusieurs sur leur faim, mais selon elle, il n’est « pas nécessaire de tout expliquer pour avancer dans la vie. Peut-on voir, expliquer ou comprendre l’amour? »
Comme si je pouvais ajouter quelque chose à ça, moi!
Sinon que je vous suggère la lecture de son livre. Que je vous suggère encore plus l’expérience des constellations familiales. Et qu’en matière de IPA, celle que je vous suggère est la IPA Américaine de Trécarré Microbrasserie.
Cheers!
10 Commentaires
Partage très intéressant. Merci.
Approche puissante que j’ai expérimenté
Il y a très longtemps en Inde au Mexique et ici.
Au delà du rationnel. La compréhension et les liens se font autrement. L’énergie qui circule est renversante.
Bonne continuité. 🌺
Merci pour votre commentaire Lucette! C’est vrai ce que vous dites à propos de l’énergie.
Bonne continuité à vous aussi et au plaisir!