Par Mélanie Marion
Le 16 mai 2024
Je m’appelle Mélanie.
Comme mon arrière-grand-mère.
Je m’appelle Mélanie.
Comme dans « mélancolie ».
Deux informations qui m’ont longtemps paru anodines et que je viens de relier entre elles. Je dirais plus imbriquer que relier. Vous savez comme deux arbres qui s’enlacent, qui ont poussé en tournoyant l’un autour de l’autre, comme s’ils dansaient.
Depuis ma naissance, ces deux éléments forgent en grande partie la personne que je suis, et je ne le voyais pas. Tout était là pourtant. Les deux éléments bien incrustés l’un dans l’autre. Un éléphant dans la pièce et je ne voyais rien!
C’est dans l’atelier « Pièges biologiques » que j’en ai pris conscience. Et que j’ai pu donner du sens à tout ça. Si vous n’avez pas fait cet atelier mais que vous avez lu les articles de Marylou, « La colère comme piège biologique » et « Accepter l’inacceptable », vous en avez eu, des bons exemples de pièges biologiques. Dans le premier article, il est question de la colère qui peut être un piège bio puisqu’elle peut nous bloquer. Elle peut tout détruire et anéantir le travail réalisé. Et dans le deuxième article, Marylou nous parle du le conflit sur le conflit, qui vient en quelque sorte verrouiller notre conflit. Il faut tout d’abord solutionner le premier conflit pour avoir accès au deuxième et pouvoir travailler à le solutionner également.
Peu importe le travail que je faisais, je n’arrivais à aucun résultat. Il y avait quelque chose qui me bloquait dans l’atteinte de mes objectifs. Un piège biologique oui, mais lequel? Celui qui me bloquait – ou devrais-je dire un de ceux qui me bloquaient – était ce qu’on appelle un bénéfice secondaire à la maladie. Un élément qui fait en sorte que finalement, c’est avantageux de rester dans ta maladie ou dans ta problématique. Pratique ça! Incapable de régler ta problématique parce qu’il y a des avantages à rester pris dedans!
À ce moment-là, je vivais beaucoup de tristesse. C’était ingérable. (Vous vous souvenez, les abdos à force de pleurer?! Bon!) Quand j’ai voulu travailler pour enrayer cette tristesse de ma vie, il y a quelque chose qui m’en empêchait. Quelque chose de viscéral. Je ne POUVAIS pas m’en défaire. Pire : je ne VOULAIS pas m’en défaire! Et la phrase qui a poppé un soir, c’est : « Si je ne vis plus de tristesse, ma vie n’aura plus aucun sens! »
Comme si c’est la tristesse qui donnait un sens à ma vie.
Le bénéfice secondaire à rester prise dans mes problématiques, c’était de pouvoir vivre cette tristesse, qui faisait partie intégrante de mon projet//sens…. Mes conflits étaient verrouillés sous cette tristesse. Si je les réglais, je ne pouvais plus la vivre. Ma vie n’avait plus de sens.
On va se le dire, un piège biologique qui fait partie de ton projet//sens, ça se défait pas en soufflant dessus comme un château de cartes.
L’ORIGINE DE MA TRISTESSE
Ma mère a perdu sa mère quand elle avait 12 ans. Sa mère à elle avait aussi perdu sa mère quand elle avait 12 ans. (Oui je sais! Je suis vraiment chanceuse d’avoir encore ma mère!) Ce sont des grosses pertes. Beaucoup de tristesse au pouce carré. Et peu d’espace pour la vivre. Pas les outils. Pas le temps non plus. Il fallait continuer, s’occuper des plus jeunes, amorcer une vie d’adulte de façon précoce.
La vie continue et la tristesse ne peut pas exister. Le problème c’est qu’elle ne peut pas disparaitre non plus. Elle reste tapie quelque part, on ne sait trop où. Dans un coin, dans une poche, dans la gorge. Dans la peau. On la traine sur soi, sans trop le savoir. Mais impossible de la laisser s’exprimer.
On ne saurait pas comment de toute façon.
Puis je viens au monde. En 1979. Les derniers modèles des années 70. Des beaux modèles!
Et on me donne le prénom de mon arrière-grand-mère. Un lien qu’on veut garder avec cette femme, avec le passé. Je me prénomme Mélanie. Impossible pour moi de ne pas remarquer la ressemblance entre mon prénom et le mot « mélancolie ». La mélancolie, un « état de tristesse vague »…
Je mets ça dans le mélangeur, j’y ajoute une pincée de mon état de tristesse constant et je donne un sens à tout ça. Le sens de ma vie, la raison pour laquelle je suis venue au monde, c’est pour vivre et exprimer cette tristesse trop longtemps réprimée. La tristesse, c’est ce qui permet de garder le lien avec les mères parties trop tôt. Si on reste tristes, on garde la connexion avec les disparues. On continue de les faire vivre. On les honore. On les garde en mémoire.
Et moi je suis là pour ça. C’était ça, le projet inconscient que ma mère avait pour moi. Exprimer cette tristesse que sa mère et elle n’ont pas pu exprimer.
Je suis bonne là-dedans. Brailler.
Ça fait des relations chargées ça. Tous mes liens sont teintés par cette tristesse, par cette lourdeur, par la peur de perdre. C’est lourd de chez lourd. Et j’ai toujours un léger vague à l’âme. J’aime ça moi écouter de la musique triste pis me sentir triste. Il y a même une anecdote dans la famille… Quand j’avais deux ans, il parait que les gens se demandaient si j’avais des idées suicidaires parce que j’avais toujours l’air triste. Presque dépressive. À deux ans. Ça fait longtemps que je porte ça cette tristesse-là!
Et quand je lui touche bien comme il faut, quand je plonge dedans… Ouf! Clair que c’est pas toute à moi ça! Y’en a des deuils pas faits là-dedans!!!
FAIT QUE LÀ!? JE FAIS QUOI AVEC ÇA?!
Je me suis dit : Quel outil je prends? Phrase de reprogrammation? Mantra? Processus? Je les prends tous! J’y vais all in!
J’ai sorti mon cahier de notes et j’ai fait les étapes d’une reprogrammation. J’ai ensuite fait les mantras… Et ça ne vous étonnera pas, mais dès que j’arrive aux pronoms « elle » ou « elles », l’émotion monte. Complètement capoté! « Elle peut et elle choisit de se libérer de la tristesse. Elles peuvent et elles choisissent de se libérer de la tristesse… » Ça y est! Les valves s’ouvrent et ça sort! Des larmes accumulées depuis des générations! Pas chic! Mais nécessaire.
J’ai aussi fait un processus symbolique. All-in, je vous l’ai dit! L’idée c’était de continuer d’aimer et d’honorer ma grand-mère et mon arrière-grand-mère, mais de me libérer de cette tristesse. Libérer mon lien de la tristesse. Choisir plutôt d’aimer, de me souvenir et d’honorer dans la légèreté et la joie. J’ai donc acheté un bouquet de ballons gonflés à l’hélium. Je sais, ce n’est pas écolo. Mais je ne peux pas sauver mon projet//sens et la planète en même temps! Un combat à la fois…
Je voulais aller sur la pierre tombale de ma grand-mère et couper les rubans qui tenaient les ballons pour les laisser s’envoler. Symboliser que je coupais le lien de tristesse et que je voulais accéder à plus de légèreté. Sauf que je n’ai pas pu faire le processus tout de suite après l’achat des ballons parce qu’il y avait un festival juste à côté du cimetière et que je me sentais un peu gênée de pleurer comme une Madeleine juste à côté de centaines de personnes qui écoutaient un hommage aux Beatles. Je me suis gardé une petite gêne. C’était inapproprié de morver autant pendant que des gens chantent joyeusement Can’t buy me love.
Je me suis dit que j’irais le lendemain. Mais le lendemain, les ballons étaient par terre. L’hélium était au bout de sa vie. Je n’avais pris le traitement pour les garder plus longtemps, t’sais? Alors je me suis dit que c’est le processus lui-même qui prenait les rennes et que c’était encore plus fort symboliquement de le faire de cette façon, puisque les ballons, c’est censé voler. Flotter. Être léger. Et là tout était lourd, à plat. Sur le plancher.
Triste.
J’ai donc coupé ce lien de tristesse pour accéder à plus de légèreté. Suite à la reprogrammation, aux mantras et au processus, j’ai instantanément été en mesure de me libérer d’une partie de la tristesse et je me suis sentie mieux dans les jours suivants. J’ai arrêté de m’endormir en pleurant et j’ai recommencé à vivre de la joie. J’écoutais les mêmes chansons tristes et je les trouvais moins tristes. Pour vrai.
Sauf qu’il en reste encore de la tristesse. Il me reste du ménage à faire dans mon projet//sens pour accéder à encore plus de joie et de légèreté. J’ai ouvert la trappe et j’en ai vidé un bon paquet, mais à un moment donné, faut redevenir fonctionnelle. Je me suis dit que j’y reviendrais.
Pas croyable que je n’aie rien à voir avec la création du prochain atelier qui portera sur le projet//sens! On dirait que Stéphane et Marylou l’ont créé pour moi. J’en serai c’est certain en tout cas. Et parti comme c’est là, je n’y serai pas seule!
Notre projet//sens détermine ce que nous sommes. Pas une mauvaise idée d’aller comprendre ce qui s’est tramé là. Si ça vous dit de faire ça avec moi, il reste quelques places… Promis je ne vais pas pleurer tout le long!
16 Commentaires
En plus d’être si bien écrite, que ton histoire est inspirante Mélanie… Merci BCP! 🙏🩷
Merci Manon! Venant d’une aussi belle plume que toi, ça me touche vraiment! 🩷 xx