Par Manon Lebeuf – Feubel
Le 2 février 2024
Automne 2022, pour donner suite à des rencontres individuelles entre autres avec Stéphane Loiselle chez Saut Quantique où nous discutâmes de l’insoutenable inconfort physique et du péril émotionnel que vécut sa jeune vie durant mon ancêtre Aurore Gagnon, je me suis permis de bousculer les choses en allant vivre de façon ciblée un processus symbolique hors zone de confort ayant pour ambition de désapprendre « mon » propre confort et tenter, un tant soit peu, de comprendre l’incompréhensible…
Un an plus tard, je quittais pour l’Afrique, considérée comme le « berceau de l’humanité », à la rencontre d’animaux les plus dangereux de la planète.
Et comme je n’avais jamais fait ni camping ni safari pédestre de ma vie, cette zone inconfortable me semblait tout à fait appropriée. D’autre part, deux des nombreuses missions de ce « stage avancé d’écoute et de conscience » étaient d’apprendre l’orientation en forêt et la psycho-communication interactive à même l’environnement de ces bêtes redoutables via l’expression du leadership individuel et d’équipe pour acquérir des habiletés de survie afin de les transposer dans la vie courante.
Or, deux jours avant ma première rencontre avec le groupe, je me retrouvai aux prises avec une cystite hémorragique douloureuse, comme si la petite fille que je porte en moi expérimentait son tout premier cycle menstruel, lui signifiant que non seulement elle grandissait en accéléré, mais qu’elle était à l’aube de devenir femme?! Et vous l’aurez compris, pas facile de trouver ne serait-ce qu’une solution pratique en pays inconnu. Je réussis néanmoins à me débrouiller temporairement avec certains médicaments conseillés par la gérante de l’hôtel, espérant ainsi toffer les 9 jours à venir!
CHUTES ET RECHUTES
Ma première journée d’expédition fut le moment où je me suis sentie la plus fatiguée du périple; eh oui, ça commençait fort, l’inconfort! J’avais les jambes flageolantes et très peu d’énergie physique. De surcroît, munie d’un sac à dos de 35 lbs et affaiblie par le rythme déterminé d’un groupe enthousiaste, grimper la première côte m’apparut interminable. Je me retrouvai si rapidement exténuée qu’une de mes chevilles valsa fâcheusement sur un caillou africain et réveilla une douleur ancienne au talon gauche… Sérieusement ?! Plus aucun doute d’un programme tenace avec les « mau…its » cailloux !!
Sur ces entrefaites, nous prîmes la décision de laisser aller le groupe à sa propre cadence et, accompagnée d’un membre du staff, je les rejoignis à mon rythme de circonstance. C’est donc par épuisement vagotonique et douleurs physiques que débuta mon voyage! De même, re-bienvenus les désagréments car je fis deux rechutes cystiques pendant cette période sud-africaine, ce qui démontra qu’inconsciemment, ces séparations du clan et/ou marquages de territoire se matérialisaient de façon indéniable.
LA NUIT SOLO
À travers ce lot palpitant d’expérimentations, nous avions un exercice baptisé « la nuit solo ». Après assignation d’une direction aléatoire, chaque personne devait marcher un minimum de trente minutes, trouver un emplacement de prédilection, s’y installer pour la nuit avec notamment, une forte probabilité de vivre le co-voisinage avec serpents, araignées, scorpions, phacochères, girafes, jaguars, et j’en passe!
Par ailleurs, notre apprentissage en sous-groupe concernant l’utilisation, entre autres, de compas magnétiques et plus certainement de nos pierres à étincelles pour allumer ici et là des foyers consistants, fut un réel succès. Du reste, il était de notre responsabilité personnelle à la fin de cette nuit solitaire de prendre les précautions nécessaires pour éteindre et faire disparaitre notre feu de manière sécuritaire, avant le retour au « bercail ».
Comble de malchance, après plusieurs essais infructueux dus à mon évaluation erronée des contaminants qui m’entouraient, j’allumai mon feu à trois reprises mais ne pus l’entretenir. Et lorsque la rosée se mit de la partie, flanquée d’une pluie qui ne cessa qu’au petit matin, et que la température chuta jusqu’à 12°C, tout se compliqua d’avantage car l’humidité s’imprégna partout; en finalité, je passai cette nuit de jais… aux aguets!
Par conséquent, pour me réchauffer autour de mon feu « sans feu », je décidai de sautiller dix minutes à l’heure sur ma patte la plus fonctionnelle, en interprétant quelques leitmotivs aux humbles résonnances africaines avec pour « beat » inespéré, une lampe clignotant rouge… collée dans l’front! Je ne pus m’empêcher d’imaginer un animal me surprendre à l’improviste et, dans un sursaut de terreur en ce qui le concerne, le voir déguerpir en coup de vent car effrayé par mon accoutrement pitoyable et mes sons de misère !!
ET LA LUMIÈRE FUT
Puis sans prévenir, tout se transforma… Cette nuit sombre et obscure s’illumina d’un engagement intrinsèque où la réminiscence profonde d’un passé révolu me permit de scanner un nombre impressionnant de programmes hérités et d’y apposer quelques mises à jour symboliques. Et malgré cet impressionnant volume de ronflements nocturnes des bêtes aux alentours ou d’autres pataugeant plus bas dans la rivière, cette peur longtemps ressentie car virtualisée de dangers extrinsèques, tout en douceur, me quitta…
Pour tout dire, les derniers jours de cette expédition unique en son genre se déroulèrent dans un tourbillon d’exercices et de tests, lesquels restèrent gravés en mon esprit. Et en ce sens, afin de cibler avec plus de précision pour lancer mon prochain chapitre, mon bilan s’appuie sur cet enseignement qui retint particulièrement mon attention à savoir, liées à cette ressource limitée que représente le temps, je peux « APDM* » décider de libérer dans l’instant toutes choses futiles alourdissant mon sac à dos perso car pour survivre, très peu d’entre elles sont essentielles. De plus, avec audace, détermination et fun, ma « quête » de comprendre et d’accepter en visant l’autonomie sur un vecteur d’énergie et de mouvement restera à jamais ma vraie boussole.
AFRIQUE, BERCEAU DE L’HUMANITÉ
Enfin, si à travers la conscience de ce court passage africain il me fut possible de flexibiliser dès le départ mes attentes, ce n’est que par résilience à l’autre bout du monde que je pus vulnérabiliser l’héritage de mes peurs inconscientes, lesquelles par filiation intuitive revinrent s’arrimer à l’énergie pulsative de leur véritable « berceau ancestral »…
Fin.
* APDM signifie « À partir de maintenant ». Il est proposé de commencer ses phrases de reprogrammation de cette façon.
Pour lire les articles précédents de Manon, c’est par ici :
Bouleversements au coeur de mes croyances (1 de 2)
Bouleversements au coeur de mes croyances (2 de 2)
18 Commentaires
Très captivant ton histoire Manon! Bravo d’avoir affronté tes peurs:)
Merci de m’avoir lu Juliette! 💗